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Le travail à l’épreuve du sens 

17/05/23

Le travail à l'épreuve du sens

Par Linking Talents

Brèves

Candidat

Emploi & Travail

Entreprise

La question du sens a pris, au sein de la sphère professionnelle, une importance de premier plan. Après les phénomènes de Grande Démission, de Démission Silencieuse et du Grand Regret, les collaborateurs, au même titre que les employeurs, se préoccupent de ce que le travail signifie réellement et de la portée qu’ils veulent lui donner. Comme le souligne la journaliste du Monde Anne Rodier, « La notion de sens au travail, qui n’était jusqu’alors qu’un questionnement personnel, est en passe d’être au menu des entretiens annuels ». Alors, entre perte et quête de sens, tour d’horizon des enjeux du sens au sein du monde du travail.


Travail et quête de sens, une articulation délicate

D’après l’étude réalisée par Deloitte en 2017,  Sens au travail ou sens interdit ?, 53% des salariés estiment que le sens au travail s’est détérioré. Cette étude tire la sonnette d’alarme : plus d’un français sur deux a donc du mal à envisager son travail comme véritablement compréhensible.  Comme le souligne Marc Loriol, sociologue, chercheur au Centre national de la recherche scientifique, « Le sens, ce sont ces contreparties qui font qu’on accepte un travail où les horaires sont longs, les corps mis à l’épreuve et la rétribution financière généralement modeste ».

Le sens est, en quelque sorte, la raison d’être du travail effectué par le collaborateur. L’étude menée par Deloitte souligne que le sens se perd surtout lorsque les collaborateurs ne perçoivent plus la globalité de ce pourquoi ils œuvrent. A ce sujet, lorsqu’un artisan travaille une matière, il perçoit la forme définitive de l’objet qu’il est en train de construire : il réalise qu’il est en train de participer à l’élaboration d’une finalité. Au contraire, dans de nombreuses organisations encore fortement marquées par les modèles d’organisation scientifique du travail tayloriste et fordiste, qui ont tendance à diviser fortement les tâches dans un objectif principal de productivité, les individus peuvent rapidement perdre de vue ce pour quoi il travaille réellement, ne percevant plus que les tâches journalières, ultra spécifiques, dont ils doivent s’acquitter.

Les jeunes diplômés, fers de lance de cette interrogation

Ce phénomène est en particulier très marqué chez les jeunes diplômés d’école de commerce et d’ingénieurs ; ils se trouvent parfois désabusés lors de leur entrée sur le terrain, avec des tâches répétitives à effectuer, et peu d’implication dans les processus de décision des entreprises qu’ils intègrent. L’impact environnemental des postes proposés constitue également, pour les jeunes diplômés, une source de questionnement. La cérémonie de remise des diplômes de l’école AgroParisTech, qui forme les ingénieurs agronomes de demain, fournit un illustre exemple de cette quête de sens. Refusant de s’engager dans des « jobs destructeurs de l’agro-industrie qui mènent une guerre au vivant et à la paysannerie partout sur Terre », ces jeunes diplômés s’engagent dans des voies professionnelles dites « alternatives », comme l’agriculture vivrière et collective ou l’apiculture, qui constituent des engagements porteurs de sens, pour eux et pour la société.

Des reconversions professionnelles pour une quête de sens

La croissance du nombre de reconversions professionnelles constitue une réponse significative de cette recherche de sens au travail. Selon le baromètre de la formation et de l’emploi 2022 réalisé par Centre Inffo / CSA, une personne sur cinq prépare actuellement une reconversion professionnelle. Les trois motifs principaux invoqués sont les suivants :

1. Faire un métier porteur de sens et plus proche de ses valeurs. (90 % des répondants)

2. Améliorer son employabilité et sa rémunération. (59 % des répondants)

3. Déception et mal-être dans son poste actuel (39 % des répondants)

Phénomène intéressant, les réponses des personnes interrogés soulignent la polysémie du mot « sens ». La perte de sens est, tout d’abord, la perte de signification du travail : mon travail ne fait pas sens pour moi et mes valeurs personnelles. Le sens au travail, c’est également la définition du « sens » comme orientation : je ne perçois aucune évolution possible au sein de mon poste et cette absence d’orientation est, pour moi, un objet de frustration. Enfin, le sens c’est, avant tout, une question de sensation : je me sens mal au travail et mon poste actuel est source d’un mal-être personnel.

💡La question du sens au travail recoupe, ainsi, sous un même terme, vécus différents et est, avant tout, une histoire de perception personnelle. De nombreuses voies émergent aujourd’hui pour proposer du sens au travail. Entre les reconversions personnelles et les nouveaux métiers, et les entreprises aux modèles plus classiques, trouver un sens à ses activités revient avant tout à comprendre comment celles-ci s’intègrent dans une réalisation plus globale, mais également à oser prendre part à la transformation des idées stratégiques, afin d’être en adéquation avec le modèle que l’on participe à développer.